Intérêt croissant pour les monnaies locales : Québec aura la sienne

mlc au fsm
Les photos de cet article, à l’exception de celle de la charte, sont de MLC-Québec

On l’a vu cet été dans les médias et au grand écran, plusieurs villes d’Europe, d’Amérique du nord et du sud se dotent de devises locales pour favoriser la consommation de proximité et investir dans une économie qui leur ressemble. Québec n’y fait pas exception : sa future monnaie locale complémentaire se développe ici dans Saint-Roch, et on en entendra parler le 7 septembre prochain au Cercle.

Une quinzaine de personnes, plusieurs nouvelles, étaient à la rencontre d’information de Monnaie locale complémentaire (MLC) Québec du 18 août. La plupart avaient découvert les monnaies locales grâce au documentaire Demain – le film, qui tient l’affiche au Clap depuis mai, dont le collègue limoulois Olivier Tremblay a parlé récemment.

trav collab 22 juinCocréation, information, sociocratie

Désireux de mettre en place une monnaie locale complémentaire, MLC-Québec a vu le jour à l’automne 2015, lancé son site web en janvier, tenu une première Soirée publique d’information en février. Pas moins d’une centaine de personnes y sont venues pour en savoir plus et entendre le Français Philippe Derruder, ex-dirigeant d’entreprise internationale qui s’est tourné vers l’économie alternative et a participé à la création de monnaies locales.Depuis, de 15 à 25 personnes prennent part aux rencontres mensuelles. Afin de bien informer et répondre aux questions, et d’intégrer de nouveaux participants sans négliger les travaux en cours, les réunions de cocréation (habituellement le 1er mardi du mois) alternent avec des soirées d’information (le 3e jeudi) et les rencontres de travail.Aussi au programme, des ateliers de discussion et conférences abordent divers thèmes connexes et questions qui surgissent en cours de travail. Des choix pratiques, technologiques, organisationnels aux aspects légaux et éthiques, voire philosophiques, le processus amène son lot d’interrogations. Chaque communauté porte des valeurs essentielles qu’elle souhaite mettre en action à travers sa monnaie locale. Pour MLC-Québec, ce sont le social, l’environnemental, le démocratique et l’économique.

Une polyculture économique

charteMLC-Québec a adopté un mode de gouvernance dit sociocratique, comme Craque-Bitume ou la coopérative Cohabitat. Les décisions s’y prennent par consentement plutôt que par majorité. Ce type d’autogestion repose sur la cocréation, l’horizontalité, la « base vers le haut » (bottom up) – principes solidaires et coopératifs que sous-tendent par ailleurs le logiciel libre, la gouvernance numérique, la démocratie et les données ouvertes, le design urbain participatif, etc. Un atelier-discussion sur la sociocratie le mercredi 21 septembre au Tam Tam Café, présenté avec le comité Initiatives décroissance et transition, sera l’occasion d’approfondir le sujet avec quelques invités chevronnés.Les instigateurs de monnaies locales complémentaires prônent une polyculture monétaire, où la devise locale coexiste avec la devise officielle. Comme au champ, il s’agit de diversifier pour accroître son autonomie, réduire sa vulnérabilité, mieux utiliser les ressources à disposition… Dans ce nouveau paradigme, la richesse ne se mesure plus aux dollars accumulés : les monnaies locales n’ont de valeur que dans les échanges et peuvent même être fondantes, c’est-à-dire se dévaluer avec le temps passé dans les poches. La visée ultime de la monnaie locale, plus que la devise elle-même, est ce changement de paradigme.

Monnaie locale à ce jour… et après

Le 11 août dernier, MLC-Québec a obtenu son statut d’organisme à but non lucratif. Presque au même moment, les représentants de l’organisme rencontraient au Forum social mondial à Montréal des groupes de monnaies locales français, brésiliens, suisses… Au Parvis en fête samedi dernier, MLC-Québec présentait sa charte dans sa version presque finale. La devise locale complémentaire devrait être en circulation dans un an, sous forme de monnaie de papier, pour une meilleure accessibilité tant pour les commerces que les individus. Certaines monnaies complémentaires sont passées à l’électronique, souvent après s’être solidement implantées en version papier, comme celle de Toulouse.Les rencontres mensuelles de MLC-Québec se poursuivent : la prochaine soirée de travail collaboratif est fixée au 30 août. Le 7 septembre à 19 h, Philippe Derruder revient à Québec pour une nouvelle conférence : Les Monnaies locales complémentaires et après ? au Cercle.Selon l’économiste belge Bernard Lietaer, qui a travaillé à mettre en place le système ECU à l’origine de l’Euro, on recensait en 1981 deux monnaies locales dans le monde, 5000 en 2005, et il y en aurait aujourd’hui quelque 13 000. Au Québec, outre le Demi gaspésien déjà en place, des initiatives sont en démarrage à Montréal, Sherbrooke, Québec. Rien qu’en France, une trentaine de communautés y travaillent. Une carte interactive des monnaies locales françaises a d’ailleurs été mise en ligne par Arte.tv.

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